Harry Pernervion - Là où tout a commencé (Partie II)

•°•°•°•°•

Peut-on effacer la conscience d’un être aussi complexe qu’un seigneur du temps ? N’en restera-t-il pas quelques résidus, quelque part au plus profond de son être, de ses gènes peut-être ? Le jeune Harry se tient face à un étrange aîné. Le lien qui les unis n’est pas paternel. Il est plus profond, moins subtile. Le regard qui le perce semble fou, mais pourtant brûlant et ionné. Ils n’échangent pas de mot, mais le plus discret mouvement sur leur visage suffit à laisser entendre leur dialogue. L’un venait prendre à l’autre quelque chose de grand et inconnu, quelque chose que l’on ne conçoit qu’après l’avoir vécu.

“Combien de fois a-t-on fait ça ?”

Les nombres, une ion de longue date, dévorante, comme un poison qui vous ronge les entrailles. Ils quantifient, rationalisent, délimitent les choses. Tout ce qui peut être énuméré a une fin et même les instants de l’univers peuvent être comptés. Cependant, aujourd’hui, ces nombres ne sont plus quantifiables. Que répondre à l’enfant, quand l’ancien lui-même a perdu le compte. Un calcul après l’autre, une entrée de plus à ajouter dans un journal qui ferait déjà des trillions de pages, s’il avait fallu le rédiger.

”Les nombres n’ont plus d’importance, cette fois sera la bonne”

Pourrait-on encore parler de boucle temporelle, si celle-ci s’étendait jusqu’à la fin des temps ? Il avait tant vécu, que maintenant un cycle de l’univers tout entier n’était plus qu’un battement de cil. Pourquoi faisait-elle cela ? LUI. Comment avait-il pu oublier ? C’est pour lui que tout avait commencé, elle finirait le travail. Tant de vies, tant de souvenirs à conserver. Mais avec le savoir requis, les corrections de calcul, la liste des erreurs à ne pas refaire, il devenait difficile de trouver de la place pour faire le transfert. On ne pouvait pas condenser des centaines de trilliards d’années de vie dans un seul appareil, alors une nouvelle méthode avait émergée. Moins pratique, plus énergivore et surtout, plus radicale. Les premières fois furent pénibles. Après tant de meurtres, Harry aurait pu dire qu’elle s’y était habituée. Mais l’affaire était tout à fait différente lorsqu’il s’agissait de mettre fin à ses propres jours, non pas pour mourir, mais pour se remplacer. Il s’agissait là de faire un acte dissonant et contre-nature. Tuer le é pour y placer le futur, rompre la règle même qui indique que le temps va du début vers une fin.

Seulement chaque recommencement était devenu plus terrifiant que le précédent. Une fois les derniers remparts moraux franchis, alors que la raison n’a plus de barrière pour la rappeler, que le sens commun n’a plus de direction à indiquer. Il ne reste que le chaos, le pragmatisme et la froideur d’un objectif à atteindre. Les calculs ont échoué, une boucle de plus. L’énergie est instable, encore une. Le nouveau dispositif est tombé en panne, repartez pour une nouvelle danse. Il se voit dans une rivière, mais ne se reconnaît pas, elle e devant un miroir, mais ne se voit plus. L’enfant meurt encore de ses mains, l’adulte parcours le temps et l’univers. Dans son sillage, rien ne renaît plus, jusqu’à la prochaine larme versée par le gosse à la vie arrachée. Les voix résonnent de plus en plus fort dans les couloirs d’un TARDIS, qui ne conserve jamais bien longtemps ses murs immaculés. Au départ, ils accueillent des calculs, dessins et théories, se mêlant à des pensées fugaces. Mais à force, toutes ces expressions rationnelles, avaient fini par s’effondrer en un tas informe de lettres dénuées de sens.

L’enfant meurt en sanglotant, le vieillard ne le voit même plus entre ses doigts. Certaines voix s’offusquent, quelques-unes pleurent, d’autre encore rient. L’univers prend fin, sous les feux grondant des canons Dalek. Le mioche rouge de colère se débat, mais rien n’y fait, il est trop faible pour gagner. Les lamentations se font moins nombreuses. Les seigneurs du temps se bousculent à la fin des temps pour arrêter une menace sans précédent. Le gamin lutte en vain. Plus aucune voix ne pipe mot. L’univers n’est plus que poussière, bien avant son effondrement, il a connu sa fin, car aucun ordre ne survit au chaos, mais quand il n’y a plus d’ordre, il n’y a plus non plus de chaos. Elle attend en silence, la fin du calcul, son TARDIS n’a plus de graffiti, pas même un petit calcul ou un bref trait d’esprit. Il n’y a plus que le silence et son regard dans un infini bien au-delà de l’univers lui-même. Même sans en perdre le compte, le recommencement n’est plus quantifiable. Le dernier seigneur du temps, n’a plus rien d’un être vivant.

Ce que vous lisez n’est pas l’origine de Harry, mais la fin de Harry. Quand l’un s’arracha pour la première fois de sa propre ligne temporelle, le second naquit. Car aussi insignifiant que fut, notre seigneur du temps dans l’immensité de l’univers, chaque grain de sable y est essentiel. Celui qui restait, était condamné à échouer, car celui qui était parti avait déjà réussi. Par-delà la ligne de ce temps, Harry a pu profiter d’une vie belle et heureuse, savourant des instants précieux auprès de son aimé. Tandis que Hary ne pourrait jamais partir, sombrant au-delà de la folie. Condamné à tourner en rond bien plus longtemps que l’éternité elle-même. Dans un purgatoire sans fin, ni commencement. Le prix amère d’une victoire, payée par d’infini échecs.

L'outro

Ça fait un bail pas vrai ? Imaginez, mon dernier partage ici date de 2022. J'avais beaucoup de mal à ouvrir amino à cause de l'enfer de publicité que c'est devenu, mais au final, j'ai fini par être nostalgique.

En reant devant mes textes, j'ai réalisé que cette histoire n'avait jamais eu sa seconde partie. La voici donc. Elle a été tant effacé, recyclé et recommencé, qu'on pourrait presque se demander si j'ai conclu le récit ou raconté sans la moindre exagération la narration de son écriture haha !

Il est très probable que ce n'est pas ce que j'avais imaginé à l'origine en écrivant la partie une, mais que voulez-vous, ma plume rouillée n'avait guère de souvenirs ou manuscrit sur lequel s'appuyer.

J'ai é un bon moment à l'écrire, j'espère que vous avez é un heureux instant à le lire.

Licornement votre, LeSpatiocorne, membre antique de la communauté.

< S O U R C E S >

Baz Pringle